Les Critiques sont-ils ceux que vous croyez ?
Réponses de Stéphanie Belpêche
1. De quel milieu social êtes-vous issu(e) ? Venez-vous de Paris ou de province ?
Je suis née dans le département des Hauts-de-Seine, en Ile-de-France, dans une famille de classe moyenne (père ingénieur en téléphonie, mère fonctionnaire dans un collège). Personne dans ma famille n’était journaliste.
2. Quelle est votre expérience des rapports entre hommes et femmes au sein du milieu de la critique ?
L’entreprise dans laquelle je travaille depuis 1998 a très vite veillé à l’égalité salariale et à accorder des postes de rédactrices en cheffes à des femmes. En revanche, j’ai déjà constaté des remarques misogynes de la part de supérieurs hiérarchiques ou de collègues masculins, voire du harcèlement moral. Heureusement, ce type d’agissements est révolu aujourd’hui.
3. Quelle est votre manière de pratiquer (ou pas) la politique des auteurs ?
Evidemment, je suis sensible au nom du cinéaste quand je vais voir un film. Si je l’aime, je l’attends avec impatience. Si je ne suis pas réceptive à son travail de manière générale, je le redoute un peu, cependant je garde toujours l’ouverture d’esprit et la curiosité. J’essaie de rester bienveillante en toute circonstance.
4. Dans quelle mesure vos relations – amicales, professionnelles ou mondaines – avec les cinéastes et les autres critiques peuvent-elles parfois avoir une influence sur votre manière de parler des films ?
Une interview reste une rencontre entre deux êtres humains. Mon métier m’a permis de connaître des personnes qui font partie de ma vie aujourd’hui. Mais j’ai toujours été cash avec les cinéastes et je ne leur ai jamais dissimulé ce que je pensais de leurs films, en bien ou en mal. Quand j’estime que je suis trop proche de quelqu’un pour écrire une critique, ma cheffe s’en charge.
5. Comment votre activité critique cohabite-t-elle avec le fait de faire des films ou le choix de ne pas en faire ?
Je n’ai jamais eu l’intention de réaliser un film. Ma passion, c’est le journalisme, l’écriture, le fait de transmettre une information aux lecteurs, de les inciter à aller au cinéma, de découvrir des talents. En outre, selon moi, on ne peut pas être juge et partie, être critique et cinéaste en même temps me semble incompatible.
6. Existe-t-il un principe moral que vous vous interdisez de transgresser dans le cadre d’une critique ?
Ne jamais se laisser aller à l’attaque personnelle ou à la méchanceté gratuite.
7. Identifiez-vous une spécificité de la génération de critiques à laquelle vous appartenez ?
J’ai l’impression d’avoir vécu un âge d’or du journalisme. Maintenant avec le Covid qui a changé le mode de communication (la prolifération des interviews sur Zoom au détriment de rencontres en face à face) et l’arrivée des influenceurs, youtubeurs, tiktokeurs qui ont souvent de meilleurs accès aux stars en raison de leur nombre d’abonnés, cela devient de plus en plus compliqué d’exercer correctement mon métier.