Les Critiques sont-ils ceux que vous croyez ?

Réponses de Chloé Caye

1. De quel milieu social êtes-vous issu(e) ? Venez-vous de Paris ou de province ? 

Classe supérieure. Je suis née à l’étranger (Rome), mes parents sont des enfants d’expatriés et n’ont donc pas beaucoup vécu en France jusqu’à ma naissance. Je vis à Paris depuis mes quatre ans.

2. Quelle est votre expérience des rapports entre hommes et femmes au sein du milieu de la critique ?

Je suis entourée de beaucoup de femmes journalistes mais qui occupent généralement des positions moins importantes au sein des rédactions que les hommes. 

3. Quelle est votre manière de pratiquer (ou pas) la politique des auteurs ?

La politique des auteurs est pour moi avant tout un mouvement théorique qui me permet de mieux comprendre un cinéaste, une œuvre et sa réception. C’est un outil d’analyse filmique et sociale. S’il a pu donner lieu à des dérives abjectes, je pense que la faute en retourne aux individus qui ont tordu cette notion à des fins personnelles (journalistes ou cinéastes) et non au concept même “d’auteur”. 

4. Dans quelle mesure vos relations – amicales, professionnelles ou mondaines – avec les cinéastes et les autres critiques peuvent-elles parfois avoir une influence sur votre manière de parler des films

Les discussions avec les cinéastes peuvent éventuellement me permettre de mieux comprendre leurs intentions et d’en faire un point de départ pour expliquer le cheminement du film : de l’intention à la réception, mais cela n’influence jamais mon avis sur le film. Lors de conversations avec d’autres critiques, je peux isoler plus facilement les causes de divergence ou d’accord et donc réfléchir à comment mieux construire mon argumentation pour défendre mes points de vue sur une œuvre. Les conversations avec d’autres critiques peuvent aussi me permettre de reconsidérer un élément, de déplacer un questionnement et d’ajouter ainsi de la matière à ma critique.

5. Comment votre activité critique cohabite-t-elle avec le fait de faire des films ou le choix de ne pas en faire ?

Je n’ai jamais eu l’envie de faire de film, je me sens tout à fait épanouie en écrivant ou parlant des films des autres.

6. Existe-t-il un principe moral que vous vous interdisez de transgresser dans le cadre d’une critique ? 

Pas sûre de comprendre la question ! :) Dans le contenu de la critique ou bien dans l’exercice de sa rédaction ? Pour le premier, je ne m’interdis aucun sujet dans les critiques. De même, je ne m’interdis pas, ni à ma rédaction d’écrire sur tous les films qui sortent ou que nous voyons, indépendamment de leurs réalisateurs. Pour ce qui est de l'exercice de la critique, je suis par exemple prête à accentuer un avis tiède vers le haut ou le bas, pour les besoins d’un débat ou en échange d’une rémunération mais je ne mettrai jamais en avant (à l’écrit ou à l’oral) un film qui m’a catégoriquement déplu, tout comme je ne m’attaquerai pas à un film qui m’a plu, peu importe ce qu’on me propose en retour. 

7. Identifiez-vous une spécificité de la génération de critiques à laquelle vous appartenez ?

De nombreuses spécificités ! Tout d’abord les variations de supports (explosion des podcast, des lives Twitch). Les problématiques que les critiques de ma génération mettent en avant dans les films sont également différentes et nouvelles (féminisme, propos, discours politique). Et le prisme de réception des œuvres en est généralement socio-politique. Ce sont évidemment des données à prendre en compte, mais je trouve que ces observations se font trop souvent aux dépens de celles de la forme, de la mise en scène, de la plastique du film.