Les Critiques sont-ils ceux que vous croyez ?
Réponses de Thierry Chèze
1. De quel milieu social êtes-vous issu(e) ? Venez-vous de Paris ou de province ?
Je viens d'un petit village de Corrèze, fils de deux parents enseignants, l'un prof, l'autre institutrice, avec la première salle de cinéma située à plus de 30 kilomètres.
2. Quelle est votre expérience des rapports entre hommes et femmes au sein du milieu de la critique ?
Tant à Studio qu’à Première, je parlerai de rapports harmonieux. Mais ce qui me frappe depuis trois ou quatre ans, c'est le nombre croissant de jeunes femmes qui ont envie et qui frappent à la porte de notre rédaction pour faire ce métier. C'est un changement à 180 degrés par rapport aux années 1990 où j'ai débuté. Et nous en accueillons par ricochet de plus en plus, d'abord en stage, puis comme pigistes permanentes.
3. Quelle est votre manière de pratiquer (ou pas) la politique des auteurs ?
Je dirai que pendant mes années Studio (Magazine puis StudioCinelive), nous avons beaucoup plus pratiqué la politique des acteurs que des auteurs. Et essayé de montrer comment celle-ci se créait par leurs choix et leurs refus
4. Dans quelle mesure vos relations – amicales, professionnelles ou mondaines – avec les cinéastes et les autres critiques peuvent-elles parfois avoir une influence sur votre manière de parler des films ?
Je pense que cela oblige à encore plus de sincérité dans ce qu'on écrit puisque souvent, dans ce cas, avant de l'écrire on l'a dit à la personne en face. D'autant plus que par expérience, on sait que les brouilles ne durent que jusqu’à la critique suivante (bonne), avant de repartir de plus belle à celle d’après (mauvaise). Et des années de Ça balance à Paris, où la personne concernée venait faire face à la réaction des critiques, permettent d'avoir le cuir tanné.
5. Comment votre activité critique cohabite-t-elle avec le fait de faire des films ou le choix de ne pas en faire ?
Je n'ai jamais eu envie de faire des films. Et je suis vraiment venu au journalisme cinéma par la lecture des premiers numéros de Studio Magazine, cet objet à part dans le domaine du cinéma populaire qu'avaient su créer Marc Esposito et Jean-Pierre Lavoignat.
6. Existe-t-il un principe moral que vous vous interdisez de transgresser dans le cadre d’une critique ?
J'ai depuis toujours gardé le même principe : une fois une critique terminée, je la relis en me demandant si je serais capable de la lire face aux personnes concernées. Cela permet d'enlever les punchlines faciles et gratuites, que nos lecteurs nous reprochent souvent, et de repréciser certains aspects.
7. Identifiez-vous une spécificité de la génération de critiques à laquelle vous appartenez ?
Je dirai qu'elle est à large dominante masculine mais que cela tend, comme je l'ai dit plus haut, à évoluer grandement au fil des mois.