Qui sommes-nous ?

par Isabelle Danel

En juin dernier, lors de notre assemblée générale annuelle, nous avons eu, tous ensemble, une discussion nourrie et passionnante sur… nous ! Eh oui, il en faut de tels débats. Surtout en ce moment, avec la crise que notre profession traverse. Poursuivant notre réflexion sur la mise à jour de nos statuts, nous avons constaté que vous étiez attachés à notre syndicat, à son nom et à ses actions. Mieux, que vous en étiez fiers.

Le SFCC rassemble des journalistes et critiques de cinéma qui entendent bien le rester. Or notre métier, c’est un euphémisme, n’est plus ce qu’il était. La Semaine de la Critique, nos prix annuels, les débats en public organisés dans les festivals, notre participation aux jurys FIPRESCI et notre présence au sein du jury de la Caméra d’or sont la face pimpante et émergée de l’iceberg. Dessous, il y a nous qui prenons l’eau de toute part.

C’est pourquoi la question de savoir qui nous sommes, comment nous voulons nous positionner et nous présenter, est plus que jamais essentielle.

Le 13 octobre dernier, nous venions de vous faire suivre une pétition pour défendre la liberté d’expression et de création du réalisateur iranien d’Un homme intègre, Mohammad Rasoulof. Une consœur nous a alors demandé si notre syndicat s’engageait aussi contre le sexisme et le harcèlement sexuel dans les milieux du cinéma et des médias…

Dans l’absolu, il est évident que oui. Mais, en l’état, je ne vois pas le SFCC communiquer sur la sinistre affaire Weinstein, sauf à redire notre refus de tout abus de pouvoir et notre profonde solidarité avec les victimes. Comme dans beaucoup de domaines, c’est à chacun d’entre nous, dans l’exercice de notre métier et dans notre sphère personnelle, de s’exprimer. Quand un homme politique se fait tailler un costard, quand un ogre avide de chair fraîche est démasqué, c’est, en tout ou en partie, au travail de la presse qu’on le doit.

Au sein du conseil syndical, de Danièle Heymann, vice-présidente, à Chloé Rolland, secrétaire générale, en passant par Nathalie Chifflet, Stéphanie Belpêche et moi-même, les femmes sont présentes et vigilantes. Cinq femmes sur quatorze membres actuels, ce n’est pas la parité mais c’est une réalité qui ne demande qu’à augmenter.

Le SFCC existe pour représenter et défendre notre métier, redire son essence et son exigence, sa nécessité et sa responsabilité. Ses actions sont plus ou moins visibles. Ainsi, quand Thierry Frémaux annonce fin septembre dans Screendaily son intention de protéger les cinéastes des tweets des journalistes en instaurant la simultanéité de la projection de gala et de la projection de presse, nous envoyons dans les jours qui suivent un mail à la direction du Festival de Cannes. En rappelant que, si certains twittent, d’autres pas, et que la plupart des critiques présents à Cannes passent plusieurs heures à rédiger des textes dignes de ce nom, qu’il faut du temps pour les éditer, les mettre en page ou en ligne. En proposant également de réfléchir ensemble à une organisation qui n’entraverait ni notre travail, ni la présentation publique du film. À suivre, donc…

Chères adhérentes, chers adhérents, parlez-nous de nous, n’hésitez pas à nous signaler ce que nous ne faisons pas, à proposer vos idées et vos forces. C’est ainsi que nous avancerons.

Sans titre-3



Isabelle Danel
Présidente du SFCC