Retour vers le futur ?
par Gérard Lenne
La scène se passe à l’entrée d’une salle Gaumont - mais on me dit que cette pratique aurait tendance à s’étendre du côté de l’UGC. Surprise ! Le caissier me demande où je souhaite être placé, me désigne son écran qui affiche le plan de la salle. Impression soudaine d’être revenu 50 ans en arrière, avant même l’invention du cinéma permanent déjà aboli depuis belle lurette. Nouvelle régression, donc, qui pourrait sembler logique dans la mesure où, la salle se vidant à la fin de chaque projection, on peut réserver son fauteuil par Internet - ce que les grands circuits aimeraient généraliser.
Difficile, cependant, de dissiper l’impression de complication inutile, d’autant plus qu’un tel fonctionnement, pour être efficace, supposerait le rétablissement des ouvreuses supprimées au cours des années 1970. Personne n’est dupe, dira-t-on : mon caissier lui-même n’a-t-il pas ajouté « Voici votre place, mais asseyez-vous où vous voulez ! » Mais qui a pu avoir une telle idée ? Je sais bien que nous vivons un temps de régression. L’abandon du permanent marquait déjà un retour en arrière. Que pourrions-nous conseiller aux exploitants qui semblent si portés sur le rétro ? Peut-être de rétablir, dans la foulée, les ventes d’esquimaux dans la salle et les attractions de l’entr’acte, avec les prestidigitateur et surtout les strip-teaseuses que les plus jeunes d’entre nous n’ont jamais eu la chance de connaître. Ce serait toujours ça.