MICHEL MERKT
Producteur indépendant (Suisse)
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La critique est indissociable de toute œuvre créative. La liberté artistique est intimement liée à la liberté critique. La critique, par exemple, de l’ami, du script doctor, du journaliste, ou du spectateur. Le plus important c’est que la critique soit indépendante et, à défaut d’être toujours bienveillante, qu’elle soit intelligente. La personne qui émet la critique a donc une éthique à respecter, car si elle peut “faire”, elle peut également “défaire” une œuvre.
Ce dont on peut être certain et se réjouir, c’est que, s’il y a une critique, cela veut dire qu’il y a une œuvre, un film, qu’il existe et que des gens le voient et en parlent. Or, on fait des films pour qu’ils soient vus. C’est la possibilité d’échanger ensemble, de donner son avis, de critiquer (après l’avoir vu de préférence...) qui “fait” un film. Sans critique, on reviendrait à une époque de notre histoire encore plus sombre que les salles obscures, où la censure remplaçait la critique.
J’ai deux anecdotes : la première, quand j’écrivais des critiques et la seconde quand j’étais producteur.
Il y a un peu plus de 20 ans, j’avais choisi de ne pas faire la critique d’un film que je n’avais pas du tout aimé, me disant que ne pas en parler était déjà un message en soi.
Il y a quelques années, je travaillais sur deux films en même temps. Avec l’un nous avons participé à tous les “critics choice awards” possibles ainsi qu’aux Golden Globes, et avec l’autre, nous avons uniquement fait quelques festivals. Depuis ce jour, je suis encore plus convaincu que la critique “fait” les films. C’est l’une des raisons pour lesquelles les professionnels veulent que leurs films soient à Cannes, car les journalistes du monde entier sont présents.
Mais il ne faut jamais oublier que la critique peut évidemment être positive, donc la critique “fait” le film, et sans critique le film n’existerait pas…
Michel Merkt