VIVIANA ANDRIANI
Attachée de presse (Italie-France)
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« Tout attaché de presse recherche dans la critique une visibilité donnée aux films qu’il ou elle défend. Et cette mise en valeur ne peut pas se résumer à un nombre d’étoiles dans un tableau.
Étant spécialisée dans le cinéma d’auteur, je recherche une analyse précise, qui se traduise par un article détaillé, argumenté. En donnant des clés de lecture riches et complètes pour un film, la critique, a fortiori quand elle est positive, le fait exister. Et elle suscite un désir chez le futur spectateur. Mais un texte analytique complexe, qui resitue le film dans l’œuvre et le parcours de son auteur, même s’il est négatif, peut avoir son intérêt. La compréhension, la réflexion, la visibilité, tout se mélange aujourd’hui. Et la critique peut alors servir à beaucoup de choses. Mais quand on se contente d’extraire d’un texte une phrase élogieuse en la sortant de son contexte pour l’intégrer dans une publicité, on bascule dans le marketing.
Je fais partie de ceux qui défendent la vieille école : mes revues de presse répertorient les articles, les interviews, en partant du principe que plus ils sont développés plus ils apportent au film. Et plus ils m’apportent à moi aussi. En général je connais bien mes films - je les ai vus et revus, j’en ai discuté énormément avec le réalisateur et le distributeur -, et pourtant il arrive que les arguments de certains critiques renforcent ou éclaircissent ma propre vision. C’est ce que j’aime le plus dans ce métier : l’échange. La critique internationale, avec laquelle je travaille beaucoup en festivals, porte un regard différent sur les auteurs et leurs œuvres, parfois à l’opposé de la critique française. C’est déstabilisant mais toujours enrichissant.
Je ne sais pas si la critique “fait” ou “défait” les films, mais elle enrichit et élargit les regards. »
Propos recueillis par Isabelle Danel